Cimetière indien
Il s’appelait Alexander Ritchie et était le gérant du poste de la Hudson’s Bay Company à Chibougamau. Il vivait seul dans cette région alors peu connue, avec sa femme et sa fille. Tous les jours, il tenait son journal en anglais, notant les arrivées de fourrures, les départs des familles cries vers la trappe, le temps qu’il faisait. La région était si déserte, qu’un jour il écrit : « Aujourd’hui, j’ai cru que j’avais un visiteur, parce que j’ai entendu frapper à la porte. C’était un pic-vert ».
La vie se passe calmement. Mais dans les années 1930, l’arrivée des populations blanches dans la région apporte la tuberculose. Sa femme, puis sa fille Tana meurent. Dans son journal il note simplement : « Aujourd’hui, ma petite fille est morte ».
Il construit le cercueil de ses mains, et l’enterre dans un petit cimetière indien en pleine forêt. Il prend soin de graver une petite plaque en cuivre qu’il pose au-dessus de la tombe.
Il a fallu trois ans pour que je retrouve ce petit cimetière, aujourd’hui abandonné et inconnu de tous, grâce à deux amoureux de Chibougamau, Jean-Hugues Guay et Alfrèda Beaudoin