Avoir de besoin
Pourquoi les Québécois disent-ils «j’en ai de besoin» au lieu de «j’en ai besoin »?
L’expression est attestée dans le français provençal au XIXe siècle, dans le parler picard, celui de l’Ouest de la France, en Gironde, dans l’Aunis et la Saint-Onge, et Stendhal écrit «…combien je prise ses conseils et combien j’en ai de besoin».
La forme vient, comme beaucoup de mots et d’expressions d’Amérique, du français des XVIe et XVIIe siècles.
Au XVIe siècle, la locution «de besoin » était courante et l’on disait également «avoir de coutume» pour «avoir coutume», «avoir d’usage» comme «avoir usage», etc. Étant ancienne, elle est condamnée par une petite armée d’instituteurs qui y voient un archaïsme, quand ils connaissent un peu le français, et une faute quand ils l’ignorent.
«Laissez-moi j’aurai soin de vous encourager s’il en est de besoin»
avait dit Molière.
Enracinée dans le parler français, l’expression «avoir de besoin» se retrouve même en Suisse et est toujours vivante dans certaines régions de France comme au Québec, véritable conservateur de l’ancienne langue.
Si nos correcteurs de tous poils pouvaient la laisser tranquille, ils m’obligeraient.
On ne peut pas à la fois, comme ils le font, reprocher aux Québécois de ne pas s’intéresser à leur histoire et de garder des traces de cinq siècles de français dans leur langue.